Cette semaine, je te livre un article particulier : le récit de mon accouchement sans péridurale. Cet article est à part car c’est un vécu forcément très personnel, intime, unique… et d’un autre côté, je trouve que chaque accouchement a une portée universelle.

C’est aussi en grande partie grâce à des récits comme celui-ci que j’ai pris ma décision d’accoucher de façon physiologique. J’ai choisi de vivre la fin de mon cycle de grossesse de façon naturelle, cela me tenait donc à cœur de t’en faire part 🙂

« Le savoir, c’est le pouvoir »

Car oui, quand on comprend comment fonctionne notre corps, on découvre qu’il est possible de vivre une naissance naturellement, sans hormones artificielles, et sans souffrir.

Bien qu’il y ait toujours une part d’imprévu et hors de notre contrôle, le contexte, l’environnement, l’état d’esprit, la capacité à déconnecter le côté réfléchi de son néocortex et vivre le moment présent, ont un rôle précieux pour laisser les hormones naturelles s’exprimer. Le corps sait faire.

[J’ai initialement posté ce récit sur le groupe Facebook “Accoucher sans péri, c’est possible !”]

Les grandes dates

Date prévue d’accouchement : 25/05/2022

Date d’accouchement : 19/05/2022 (40+1SA*) à la maternité niveau 1 de Landerneau, Finistère

Ma préparation

Mon récit

Derniers préparatifs avant la naissance

Séance d’ostéopathie en fin de grossesse

Le 17 Mai, rendez-vous ostéo car je sens mon bassin qui s’élargit et qui craque à chaque mouvement, je veux m’assurer d’être confortable pour l’accouchement. Après le rendez-vous, j’ai l’impression d’avoir une sorte de douleur de règles (j’avais lu que certaines personnes avaient ressenti ça), mais légère. J’ai l’intuition que bébé arrivera avant le terme.

Le 18 Mai, dernier rendez-vous psy avant la naissance.

Le jour J : les premières contractions

Le 19 Mai à 6h du matin, je ressens comme une envie pressante, et de nouveau cette sorte de douleur de règles. Je me lève pour aller aux toilettes mais rien.

6h24 : quelque chose pousse fort au niveau du côlon, je pense que je dois aller aux selles mais toujours rien.

6h30 : ça recommence …!

A 7h, je me dis que ce sont peut-être des contractions, même si je m’attendais plutôt à un ventre qui se tend qu’à une poussée à cet endroit. Je télécharge une appli pour mesurer les contractions et leur fréquence. Elles durent environ 1min30 et sont toutes les 6-7 minutes.

À 7h30, je ne suis plus du tout à l’aise dans le lit et je décide de réveiller mon copain. « Je crois que j’ai des contractions ». Il se lève direct « c’est le moment ? J’arrive, on va le faire ensemble ».

Direction le salon sur mon ballon de grossesse, la tête dans les bras croisés sur la table. Je sens clairement une vague qui se forme, qui monte, devient intense, puis redescend en 3 à 4 respirations.

Mon copain masse doucement les points d’acupressure dans le bas de mon dos. Je lui demande clairement d’appuyer, et fort ! Ça soulage à fond dans la montée de la vague.

Il commence à descendre les affaires dans la voiture, vient voir comment je vais de temps en temps, regarde où en sont les contractions.

A 8h40, les contractions se rapprochent. 4 minutes d’intervalle. J’ai envie de pleurer « sans raison », mon copain me dit de me laisser aller et de pleurer. Ça fait du bien. Je doute toujours car dans mon souvenir, la sage-femme nous avait dit que les contractions de travail montaient en intensité. Comme il n’y a aucune douleur entre les contractions, je me dis que ce sera peut-être plus intense après, et que mieux vaut faire un maximum du travail à la maison.

A 9h30, 3 minutes d’intervalle. Il appelle la maternité à 9h45 car nous avons encore 30 minutes de route. On lui dit « c’est un premier bébé, vous avez un peu de temps, prenez un bain ou une douche et venez tranquillement ». Je me déplace à la douche avec difficulté mais je ne ressens aucun plaisir ni soulagement, je peine à tenir le pommeau dans la main ! Les contractions descendent à 2-3 minutes d’intervalle. Mon copain dit « Ah ouais, quand même ! Je crois que c’est le moment d’y aller, au moins tu feras le travail en salle nature et on sera déjà sur place ».

Le trajet vers la maternité

10h15, départ de la maison. J’ai besoin de serrer quelque chose fort dans la main (je n’ai pas eu le temps de commander de peigne d’accouchement), il me passe un triangle en plastique de dégivrage qu’il a trouvé dans la voiture 😅 Pas pratique à tenir, mais ça fera l’affaire et il me suivra jusqu’en salle de naissance !

Mon lieu ressource : une plage de sable chaud à l’eau douce et pailletée

Sur la route, je me mets dans ma bulle, je retrouve le lieu ressource créé pendant mes séances d’hypnose (une plage de sable doux avec une chaleur enveloppante et une eau cristalline qui me caresse les pieds, comme quand bébé me donnait des petits coups dans le ventre). Les conditions sont optimales car il y a un grand soleil et nous passons devant l’océan, je n’ai même pas besoin d’imaginer les sensations.

Mon copain m’encourage « tu gères !! », « elle est passée toute seule cette contraction, bravo ! »

Les hormones naturelles entrent en jeu

A mi-chemin, je pense à nos mamans qu’il a prévenues avant de partir que c’était le grand jour. Penser à elles me met dans un état d’émotion intense entre les contractions, je pleure de bonheur en m’imaginant entrer bientôt dans la lignée de ces femmes qui ont donné la vie.

L’ocytocine (hormone de l’amour) est à son max, tellement que l’endorphine (hormone qui apaise la douleur) fait son entrée et je commence à bâiller entre les contractions. Je suis émerveillée par mon corps.

La douleur se fait plus intense, je me mets à faire des sons graves en espérant que ça aide. Ce n’est pas flagrant mais ça a peut-être joué pour me faire tenir 1 ou 2 contractions de plus. Je dis à mon copain « j’ai hâte qu’on arriiiive ». Il me dit « on y est presque, plus que 3 minutes ».

L’arrivée à la maternité

Arrivés aux urgences de la maternité, il va chercher quelqu’un et je commence à m’impatienter et je lui crie dessus « dépêche-toi !! ». Quelques minutes plus tard, un brancard arrive, je monte dessus et je vois une équipe soignante de 5 ou 6 personnes qui m’accueille. J’entends plein de voix. « C’est quoi son nom de famille ? C’est un premier bébé ? ». Pour me laisser dans ma bulle, mon copain s’occupe de répondre, je lui dis « demande la salle nature ! »

J’entends l’équipe qui refuse et dit qu’ils vont d’abord m’installer en salle de naissance qui est plus spacieuse et voir où on en est du travail. Je ne lutte pas. On m’installe sur le dos. Je reconnais la sage-femme qui nous avait fait visiter la maternité quelques mois plus tôt et je me sens tout de suite rassurée. Je lui dis avec un grand sourire « je vous reconnais, vous êtes Frédérique, c’est ça ? ». Elle confirme avec un sourire et me demande si je suis d’accord pour qu’une étudiante l’assiste. Aucun problème. Elle me demande si c’est d’accord pour qu’elle vérifie l’ouverture de mon col. Bien sûr !

Et là… « vous êtes ouverte à 9, Madame. Vous avez fait un super boulot, on arrive à la fin ».

Le vif du sujet

Je sens comme un ballon rempli d’eau qui éclate entre mes jambes, et plouf, je dis « j’ai perdu les eaux ! ».

Toujours en position gynéco, je pousse comme en cours de prépa à la naissance en soufflant par la bouche. L’équipe et mon copain m’encouragent. « Allez-y madame, c’est super, poussez fort, on y est presque ! ». J’entends mon copain qui me glisse des petites phrases « bouche molle, col mou, souffle bien par la bouche, pfouuu, tu gères ».

Quelques instants plus tard, les contractions se modifient et deviennent des poussées puissantes et incontrôlables. Waouh.

On me dit que je suis ouverte à 10 et qu’on voit la tête de ma petite. Je pousse tout en criant, mais ça n’avance à rien. On me demande si je souhaite changer de position et je me mets à quatre pattes sur le lit.

Je continue de pousser en criant, je sens la tête qui sort et qui remonte ! Je crie « mais pourquoi la tête n’est toujours pas sortie !! ». J’ai l’impression de devoir recommencer de zéro à chaque poussée. On m’explique qu’on avance d’1 millimètre à chaque fois et qu’il faut continuer. On me dit « arrêtez de crier pendant les poussées, à partir de maintenant vous bloquez la respiration et vous poussez à fond ! Allez, à la prochaine poussée, votre bébé sera là ! »

Après 3 ou 4 poussées, il me semble sentir le cercle de feu mais je n’en ai plus le souvenir exact. Puis je sens passer le corps, les jambes de mon bébé qui me semble super grand ! Et tout à coup, on entend ses cris. On se regarde ébahis avec mon copain, pendant quelques secondes.

Comme je suis à quatre pattes, on me dépose mon bébé entre les jambes, sur le lit.

A. est arrivée à 11h21 et pèse 3,410kg ❤️

Les instants qui suivent la naissance

Comme dans notre projet de naissance, on attend que le cordon ait fini de battre pour le couper. On la pose en peau à peau avec son papa pendant que la sage-femme m’examine. Elle m’explique qu’on va injecter de l’ocytocine pour faire sortir le placenta. Je lui dis « c’est possible qu’il sorte tout seul ? Parce que ça pousse là ! » Et pouf, elle a à peine le temps d’apporter une bassine que le placenta est sorti. Je comprends le mot « délivrance » car ça fait un bien fou. La sage-femme est surprise « dis donc, vous êtes vraiment express, vous ! »

Elle me demande si elle peut vérifier s’il y a eu des déchirures. J’accepte. Elle m’indique qu’il n’y a presque rien, elle peut si je le souhaite faire 2 petits points de suture pour l’aspect esthétique, et c’est tout ce dont il y aura besoin.

Le temps de réaliser

Enfin, c’est à mon tour d’avoir ma fille en peau à peau pendant 1h pour sa première tétée, et je savoure ces tout premiers moments ensemble.

Les équipes me félicitent, me répètent que j’ai fait un super travail, que ça n’aurait pas pu mieux se passer, que c’est très rare d’avoir un premier bébé en 4h et qu’il faudra faire attention au 2e car ça ira très vite ! Elles sont heureuses que notre projet de naissance ait été respecté.

La préparation m’a énormément aidée, je n’ai pas eu le temps de douter, et le soutien, les encouragements de mon copain et des équipes ont été vraiment précieux.

Je me sens reconnaissante, fière et émue d’avoir eu la chance de vivre cette expérience unique, et d’offrir une naissance si douce à ma fille ❤️

Tu as des questions, des remarques, des réactions, tu souhaites partager ton expérience…? Rendez-vous en commentaires en bas de cette page 🙂 

*SA = semaine d’aménorrhée, c’est le nombre de semaines sans règles.

PS : je touche une petite commission si tu passes par certains liens de cet article pour acheter un des livres que j’ai cités, cela m’aide à entretenir ce blog, merci si tu le fais ! 😘

Si tu as aimé l'article, tu es libre de le partager ! :)

2 commentaires

  1. Magnifique récit !!!!
    J’adore ce genre de témoignage ! Si un jour je remets sur pieds le podcast, ce sera une telle joie de te compter parmi les interviewée !

    1. Merci beaucoup Clée ! Je suis touchée par ton commentaire, d’autant plus que cela fait quelques mois maintenant que je te suis sur Instagram et sur ton blog 🙂 Ce serait un vrai plaisir de participer à ton podcast !

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